Des yens et des pesos pour renflouer l’UQAM

Hausse des droits de scolarité pour les étudiants étrangers de l’UQAM

Des centaines d’étudiants étrangers devront débourser 16% de plus que l’an dernier pour étudier à l’UQAM. Cette hausse est jugée inéquitable par plusieurs si l’Université n’augmente pas en retour les services offerts aux universitaires internationaux.

Au début de l’été dernier, l’UQAM a augmenté les frais de scolarité des étudiants étrangers de 10% sans en aviser ni les principaux concernés, ni le collectif des étudiants internationaux de l’Université (CEI). «L’UQAM ne nous a rien dit, déplore le vice-président à l’intégration du regroupement, Amine Elakar. Les étudiants l’ont appris en consultant leur facture.»

 

Depuis le 28 juin 2007, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) autorise les universités québécoises à hausser chaque année les droits de scolarité des universitaires étrangers de 10%. C’est la première fois cet automne que l’UQAM applique cette mesure. Combinée à la nouvelle augmentation annuelle gouvernementale des tarifs pour les étudiants non canadiens, la hausse atteint 16% cette année.

Cette majoration soudaine des frais risque toutefois de passer inaperçue. «Plusieurs étudiants sont nouveaux et n’ont pas d’ancienne facture avec laquelle comparer, explique le vice-président du recrutement au CIE, Amine Elakar. Ils ont assez de tracas à régler avec leur arrivée et doivent s’adapter à leur nouveau milieu. Peu d’entre eux vont remarquer cette hausse que l’UQAM leur passe presque sous le nez.»

 

Ghassen Ben Khelifa, de Tunisie, aimerait voir les étudiants internationaux s'unir contre la hausse - photo: Jean-François Hamelin

La modification en catimini des frais de scolarité fait bondir le président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), David Paradis. «Il y a un manque de raisonnement. Ces étudiants sont pratiquement laissés à eux-mêmes. Lorsque tu es admis au mois de mars et que la hausse est appliquée trois mois plus tard, tu te retrouves avec 2 000 dollars imprévus de plus à payer dans l’année. C’est beaucoup.»

Tout l’été, la FEUQ a tenté de convaincre les universités de la province de ne pas augmenter les tarifs de leurs étudiants internationaux. «Certaines institutions ont reculé, mais d’autres ont appliqué la mesure. C’est vraiment dommage, surtout que les étudiants étrangers n’ont pas accès au programme de prêts et bourses.»

Subir en silence

Depuis le début de la rentrée, l’UQAM tente de faire voir les bons côtés de la nouvelle mesure. «La hausse s’inscrit, comme toutes les autres, dans un déroulement visant l’obtention de meilleurs services pour les élèves, affirme la directrice du recrutement de l’Université, Anik Lalonde. La moitié de l’argent recueilli ira en frais consolidés à l’UQAM et le reste sera redistribué en services, en bourses aux étudiants, ainsi qu’en budget de recrutement.»

La directrice précise d’ailleurs vouloir faire le meilleur usage possible des sommes prélevées. «Nous avons instauré un service d’accueil pour les élèves à l’aéroport et nous songeons à offrir de l’aide au logement.» D’autres mesures pourraient suivre, mais «pour l’instant, l’UQAM cherche surtout à établir les besoins des ces étudiants.»

Amine Elakar apprécie la volonté de l’Université d’aider les étudiants hors des murs de l’institution. «C’est la moindre des choses que les étudiants qui paient des sommes aussi importantes obtiennent un service en retour. On ne demande pas des autobus à l’aéroport, mais au moins une petite affiche de bienvenue comme l’UQAM l’a fait cette année. C’est du donnant-donnant.»

L’étudiant au baccalauréat en journalisme à l’UQAM Ghassen Ben Khelifa, originaire de Tunisie, ne partage pas l’avis du CEI et il aimerait que les étudiants internationaux se battent davantage pour leurs droits. «Bien sûr, c’est notre choix de venir étudier au Québec, mais c’est dommage qu’il n’y ait pas de mouvement majeur pour monter aux barricades. On doit subir sans rien dire.»

Ibrahima Kalik Kaba, étudiant à l’École des sciences de la gestion, voit difficilement ce qu’il pourrait faire contre la hausse. «On n’a pas beaucoup de moyens de se faire entendre. En Guinée, je paierais 100$ pour ma session et ici, en tant qu’étudiant à temps plein, je dois payer 7 100$. C’est un montant très élevé, mais je n’ai pas le choix parce que je veux terminer mes études. Même si ce sont les parents qui paient la facture pour plusieurs d’entre nous, c’est dommage que l’augmentation soit si radicale.»

Peu importe ce que les étudiants internationaux pensent de leur facture, celle-ci n’a pas fini de gonfler. Le MELS a annoncé récemment qu’une hausse de 7% auras lieu en 2009-2010, suivie d’une autre de 8% en 2010-2011.

 

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Hausse sélective
Au Québec, en 2006, près de la moitié des 22 000 étudiants universitaires étrangers provenaient de pays qui jouissent d’ententes particulières sur les frais de scolarité. Les universitaires d’origine française, algérienne, chinoise et haïtienne sont ainsi exemptés de la hausse de 10%.

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